Avant d’entrer dans le détail des délibérations ayant trait au soutien financier de la Collectivité et de l’Etat dans le secteur Pêche, la conseillère territoriale de Cap sur l’Avenir, Annick GIRARDIN, a tenu à faire le point sur les difficultés que rencontre ce secteur, insistant au passage sur la situation plus que préoccupante des armateurs et marins pêcheurs locaux.
En premier lieu, Annick GIRARDIN a souligné que l’Archipel n’avait toujours pas de plan de développement pour la filière « pêche et aquacole », alors que cette compétence est du ressort du Conseil Territorial. De ce fait, nous n’avons aucune vision sur le devenir de ce secteur à court, moyen et, encore moins, long terme.
Pire, ce sont les initiatives privées qui dictent l’évolution de cette filière dans l’Archipel. D’où la « pagaille » actuelle et les conflits et manifestations à répétition auxquels nous assistons depuis bien trop longtemps.
La conseillère de l’opposition a dressé les mêmes reproches envers l’Etat, malgrè, il faut bien l’avouer, la création d’un Comité de la filière halieutique qui se veut un lieu de discussion pour l’établissement des quotas et futurs projets financiers. Le « hic », c’est que les décisions prises par ce comité ne sont que des avis. Et comme l’indique ce mot, le représentant de l’Etat peut tout à fait passer outre.
Pour les élus de Cap Sur l’Avenir, le plus inquiétant dans cette « navigation à vue » de la filière pêche et aquacole, c’est le désarroi des premiers maillons de cette chaîne industrielle que sont les marins pêcheurs. « Ce sont eux les grands perdants de cette pagaille » a insisté Annick GIRARDIN.
Ce sont eux qui doivent survivre en supportant les créances laissées par la défunte société Interpêche après sa liquidation, mais aussi celles des Nouvelles Pêcheries en raison de leur fermeture précipitée pour cette saison 2009 (on parle de 100 000 euros !), sans parler des retards de paiement de SPM Seafood suite à leur fermeture en juillet, mais aussi des difficultés rencontrées semble-t-il avec la SNPM. Force est de constater que les armements traversent une saison catastrophique et « si l’on voulait faire disparaître la Pêche Artisanale, on ne s’y prendrait pas autrement » de déclarer la conseillère territoriale Annick GIRARDIN.
« Alors que vous vous apprétez à investir massivement dans le secteur Pêche, j’estime – a déclaré Annick GIRARDIN- que ce premier échelon de la filière (les producteurs) nécessite toute notre attention :
- Il faut faire en sorte que les choix de diversification et d’investissements des usines de traitement aillent de pair avec ceux effectués en amont par les pêcheurs. Prenons un exemple : si une usine fait le pari du « concombre de mer » ou du bulot en investissant dans de nouvelles machines grâce à des subventions publiques, il faut en parallèle aider de la même manière les armements à s’équiper pour pêcher de telles espèces. Cela me paraît une évidence, sinon nous allons droit dans le mur !
- Il faut également que certaines aides versées par la Collectivité évoluent pour être en adéquation avec la situation actuelle de ce secteur. Cette réforme doit se faire en concertation avec les armateurs et marins de la Pêche Artisanale.
- Enfin, et pour surmonter cette saison catastrophique qui asphyxie financièrement les acteurs de la Pêche Artisanale, il ne serait pas scandaleux que le Conseil Territorial et l’Etat mettent en place des aides exceptionnelles pour aider les armements et les marins à passer ce cap difficile. Il en va de leur survie. »
S’en est suivi un large débat de plus d’une heure entre les élus de Cap Sur l’Avenir et le Président du Conseil Territorial. Malgré cette discussion, le Président a souhaité mettre au vote les délibérations en question. Même si les conseillers territoriaux de l’opposition étaient favorables aux aides à l’investissement prévues pour les usines de traitement (SPM Seafood et SNPM), notamment afin d’assurer la diversification et le développement de leurs activités et ainsi pérenniser l’emploi, ils ne pouvaient pas accepter le versement d’une aide détournée pour alimenter la trésorerie de SPM Seafood.
Après le vote des deux premières délibérations, les conseillers territoriaux de Cap Sur l’Avenir ont quitté la séance après avoir déclaré :
« Le peu d’informations et de documents joints à votre délibération nous font dire que non seulement il n’y a pas de transparence, mais c’est véritablement utiliser des fonds publics pour un enrichissement immédiat.
Je pense, Monsieur le Président que vous faites une grave erreur, et vous aussi Mesdames et Messieurs les conseillers territoriaux. Voter cette délibération c’est participer à une appropriation de biens publics au profit d’une société privée canadienne.
La décision que vous venez de prendre est à nos yeux tellement grave, que nous quittons cette séance pour montrer notre ferme désaccord. Depuis 2000, c’est la seconde fois que Cap Sur l’Avenir quitte une séance officielle. La première concernait un différend avec l’équipe majoritaire de l’époque qui portait sur une somme de 60 000 francs. Cette fois là, les conseillers d’Archipel Demain en avaient fait de même. Force est de constater que depuis Archipel Demain a bien changé ! »