Voilà plus de 6 ans que les St-Pierrais et Miquelonnais peuvent bénéficier une fois par an pour un déplacement vers la Métropole, de l’aide à la continuité territoriale (plus communément appelée ici « aide au billet d’avion »). Pour mémoire, cette aide consistait au versement d’une « prime » pour un billet aller-retour vers la Métropole de l’ordre de 260 euros pour un adulte et de 200 euros pour un enfant (respectivement : 290 euros et 220 euros pour les habitants de Miquelon), et cela sans aucune condition de ressource.
La ministre de l’Outre-Mer, Marie-Luce PENCHARD, a annoncé la semaine passée lors d’un déplacement sur l’Ile de La Réunion, les nouveaux critères qui régissent désormais cette aide.
Dans l’Archipel, le montant de cette « prime » passerait – quelle que soit la commune de résidence – à 290 euros, voire à 480 euros pour les personnes aux revenus très modestes.
Si de prime abord cette annonce peut paraître intéressante, force est de constater qu’à la lecture des nouveaux critères établis par le Gouvernement pour pouvoir bénéficier de cette aide, on doit vite déchanter.
Pendant 6 ans, des centaines (voire des milliers) d’habitants de l’Archipel ont pu profiter de cette mesure. Avec ces nouveaux critères, ceux qui pourront y prétendre se compteront désormais sur les doigts d’une main ! Et l’on exagère à peine !
Pour reprendre les termes du communiqué publié par le Ministère de l’Outre-Mer,
« sont éligibles à cette aide les personnes rattachées à un foyer fiscal dont le niveau de ressources, défini comme étant le rapport entre le revenu annuel et le nombre de parts, ne dépasse pas le montant supérieur de la deuxième tranche d’imposition (soit les familles non-imposables et celles concernées par la première tranche imposable). Un niveau d’aide majorée est prévu pour les personnes les plus modestes, soit celles présentant un niveau de ressources annuelles (rapport entre le revenu annuel et le nombre de parts) ne dépassant pas 6000 euros. »
Le public visé est donc désormais très restrictif puisque soumis à des plafonds de ressources particulièrement bas et en tout cas, pas du tout adaptés au contexte local!
Encore une fois, le Gouvernement est resté sourd aux remarques provenant de l’Outre-Mer, et tout particulièrement à celles exprimées par le Député de l’Archipel qui justement, dans un courrier daté du 5 mai 2010, exprimait auprès de Marie-Luce Penchard ses inquiétudes, et lui demandait de prendre en compte les réalités de chaque territoire ultramarin, afin de s’assurer que ces plafonds ne conduisent pas à limiter le nombre de personnes pouvant bénéficier de ces mesures essentielles pour des îles aussi isolées que les nôtres..
Avec le mise en place de ce nouveau dispositif, assiste-t-on notamment à la disparition de cette « aide au billet d’avion » sans que le Gouvernement le dise ouvertement ? On peut légitimement le craindre !
A notre avis, la majeure partie des gens qui bénéficiaient de cette aide ne pourra plus y prétendre. Quant à ceux qui répondront aux critères d’attribution, le montant de l’aide accordée ne sera vraissemblablement pas suffisante pour leur permettre d’entreprendre un voyage et un séjour en Métropole.
L’inquiétude est également grande concernant l’aide au passeport-mobilité études ou encore le passeport-mobilité formation professionnelle. Là aussi il y a fort à parier que la plus grande partie de nos étudiants et lycéens ne pourra plus bénéficier de la prise en charge à 100% par l’Etat de leur billet d’avion sur la Métropole ! Voilà une charge non négligeable qui incombera de nouveau directement au Conseil territorial.
Yannick Cambray