Malgré la mauvaise météo, les enfants s’amusent.
(Photo prise cet après-midi à l’Ile aux enfants)
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Archive mensuelle de février 2013
Lors des élections cantonales de mars 2012 – excepté le choix des deux équipes en lice (un choix de personnes), les promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent, le clientélisme ou la fameuse « com » qui masque trop souvent la réalité de notre quotidien – deux projets économiques étaient soumis à l’arbitrage des électeurs :
- L’un reposait sur la relance de notre économie en réaffirmant notre vocation maritime, et sur une prise de conscience générale des pouvoirs publics et des acteurs économiques de la nécessité de mettre en oeuvre un véritable et ambitieux « plan ports » pour notre Archipel (vision développée par l’équipe « Ensemble pour l’avenir » conduite par Annick GIRARDIN);
- L’autre tournait le dos à notre passé maritime pour orienter l’Archipel vers une économie de services dont la construction d’un « câble numérique » était le « fer de lance » (vision développée par l’équipe « Archipel Demain » menée par Stéphane ARTANO).
A une courte majorité, les électeurs ont préféré le projet «dans le nuage» au projet maritime.
Mais les électeurs ont-ils réellement pris conscience de la mutation considérable que devra opérer l’Archipel à la suite de leur vote et de ce choix économique ?
Rien n’est moins certain, puisque quelques mois plus tard, en juin 2012, Annick GIRARDIN a retrouvé brillamment – et ce dès le 1er tour – son siège de Député avec la même vision économique basée sur les activités maritimes telle que défendue quelques mois plus tôt lors des élections cantonales.
Alors que faut-il en penser ? Vers quel avenir économique doit désormais se tourner l’Archipel ?
Pour alimenter le débat, prenons un exemple venu de Métropole, celui de La Ciotat, un célèbre chantier naval français situé près de Marseille en Méditerranée et qui a marqué l’actualité sociale des années 90.
Bien que mis en liquidation en 1988, les ouvriers du chantier naval de La Ciotat ont tout fait pour défendre leur outil industriel. Ils étaient convaincus que leur chantier avait un avenir industriel, envoyant balader les projets de marina et autres studios de cinéma imaginés par certains élus. Ils se sont accrochés à leurs outils,à leurs grues, à leurs portiques sur lesquels certains revendeurs de métaux lorgnaient déjà. Et au final, l’histoire leur a donné raison.
Aujourd’hui La Ciotat est l’un des trois premiers pôles mondiaux de réparation navale de mégayachts et emploie près de 1000 personnes.
Évidemment, ce défi n’a pas été surmonté en un seul jour (20 ans de combats tout de même !) et a nécessité une mobilisation de tous les partenaires, tant publics que privés. Une société publique chargée du site a été créée pour financer toutes les infrastructures, qu’elle loue ensuite aux entreprises présentes sur le site (35 à ce jour).
Cette réussite, cette reconversion, a été un pari collectif : Etat, ville, communauté urbaine, Conseil régional, Conseil général et syndicats, tout le monde a joué le jeu, et les chantiers de La Ciotat sont aujourd’hui la vitrine des Bouches-du-Rhône.
Cette histoire démontre que la vocation maritime d’un port – et a fortiori d’un archipel – reste une évidence et reste toujours porteuse d’avenir… à condition d’y croire !
Notre archipel est né, s’est développé et a vécu jusqu’au début des années 90 grâce aux activités liées à la mer. La question que l’on doit se poser aujourd’hui est capitale : cette vocation maritime n’est elle qu’un beau souvenir d’un passé aujourd’hui révolu, ou au contraire est-ce encore une chance pour notre avenir ?
- Est-ce utopique d’imaginer que l’Archipel se dote d’une cale de halage moderne et bien équipée, capable de concurrencer nos voisins canadiens, mais capable aussi, au minimum, d’assurer l’entretien de nos propres navires ?
- Est-ce utopique d’imaginer que l’Archipel se dote d’un Port digne de ce nom, disposant d’un entrepôt frigorifique, d’outils modernes permettant l’avitaillement et le déchargement/chargement des nombreux navires de pêche qui sillonnent encore les eaux qui nous entourent ou encore qui puisse jouer un rôle dans la région pour l’éclatement du fret conteneurisé entre l’Europe et l’Amérique du Nord.
- Est-ce utopique d’imaginer que l’Archipel se dote d’un véritable Port de plaisance avec grues, terre-plein et atelier de réparation permettant l’entretien et l’hivernage en toute sécurité de bateaux et voiliers de plaisance étrangers… et locaux ?
Nous disposons d’atouts indéniables : un port « libre » de glace et accessible toute l’année, un savoir-faire, une main-d’œuvre et des entrepreneurs qualifiés… manque peut-être une véritable volonté politique…
Chacun l’a encore à l’esprit, samedi dernier, le 26 janvier, l’Archipel s’est réveillé « coupé du monde », une panne internet a perturbé notre quotidien pendant près de 10 heures :
- Plus d’échanges internet possibles;
- Un écran de télévision désespérément vide, ni de direct radio en provenance de France Info ou France Inter (excepté la diffusion de programmes « en réserve » sur SPM 1ère);
- Une activité commerciale privée des services « carte bancaire »;
- Certains services administratifs paralysés comme celui de la « Météo », incapable de dresser des prévisions et des bulletins fiables…
Après 10 heures de « black out », tout est finalement rentré dans l’ordre, mais que de perturbations !
Si cette « coupure » a démontré notre dépendance incontestable aux nouvelles technologies, elle a surtout prouvé que notre desserte Internet (elle aussi !) a des faiblesses et n’est donc pas fiable à 100 % !
Beaucoup ont alors pensé, et croient encore, qu’avec le « câble numérique », nous aurions échappé à cette panne… Malheureusement il n’en est rien ! Câble numérique ou pas, la situation aurait été la même !
Pourquoi ?
Actuellement, et en schématisant, un câble numérique sous-marin relie le continent Canadien à Terre-Neuve et apporte la connexion au réseau mondial internet à St-Jean. Cette connexion au réseau mondial est ensuite transportée de St-Jean à la Péninsule de Burin via 300 ou 400 km de câbles aériens sur des poteaux. SPM Télécom récupère cette connexion internet sur un relai sur la côte sud de Terre-Neuve et la transporte sur SPM via les airs, en hertzien.
Le projet câble numérique porté par le Président du Conseil territorial fera exactement la même chose, sauf qu’il acheminera la connexion internet de la côte sud de Terre-Neuve à SPM via un câble numérique sous-marin, qui permettra effectivement de proposer de meilleurs débits, mais en aucun cas n’améliorera la fiabilité du service, car il ne s’affranchira pas pour autant des 300 ou 400 km de câble en aérien entre St-Jean et la Péninsule de Burin, qui fragilisent justement la fiabilité du service compte tenu des fortes intempéries que nous connaissons dans la région.
Or, tout investisseur dans des services internet base son projet sur la qualité de la bande passante qui détermine les débits, mais surtout sur la fiabilité de la connexion. Une coupure telle que celle survenue l’autre jour aurait sans nul doute causé des dizaines de milliers d’euros de perte à tout service internet qui aurait été hébergé à SPM (et nous parlons ici de petites entreprises, car quelques heures de coupure de service pour des géants comme Google ou Amazon se chiffreraient en millions).
La panne du 26 janvier dernier découle pour sa part d’une coupure du réseau électrique aérien canadien qui ne permettait plus l’alimentation du relai nécessaire à notre « alimentation » internet. Le relai étant « out » le câble numérique n’aurait pas pu, lui non plus, assurer le raccord de SPM au réseau internet mondial.
La leçon à tirer de cet incident, c’est la démonstration du « talon d’Achile » du projet « câble numérique » : la fiabilité incertaine de la connexion au réseau internet mondial. Une faiblesse plus qu’alarmante pour les éventuels investisseurs qui se pointeraient chez nous pour profiter de cet outil et un sérieux « accroc » dans ce dossier sensé « sauver » l’Archipel, notamment au regard des millions que le Conseil territorial souhaite y investir.
Après la construction sur l’Archipel de bâtiments ou de structures qui ont coûté des millions et qui, plusieurs années après, ne servent toujours à rien, comme la Maison de retraite de Miquelon, la plate-forme de compostage ou encore des stations d’épuration et émissaires en mer qui ne fonctionnent pas… de grâce réfléchissons un peu… il s’agit ici de notre avenir et de finances publiques, en vérité nos/vos sous !