Depuis une semaine, le Président du Conseil territorial nous déballe publiquement ses angoisses : ayant déjà été condamné une première fois pour concussion (c’est-à-dire pour avoir piqué dans l’argent des contribuables locaux pour se verser des indemnités illégalement élevées), puis une deuxième fois pour détournement de fonds publics, ce serait désormais par peur d’éventuelles conséquences judiciaires qu’il serait obligé de faire le choix – son « Choix du Président » – de déstabiliser tout le système éducatif dans l’Archipel en supprimant brutalement le financement versé depuis 40 ans à l’enseignement privé.
Non seulement notre Président a-t-il largement la possibilité juridique de maintenir le financement, non seulement tente-t-il de se cacher derrière l’absence d’avis du juge administratif qu’il peut parfaitement – ne lui en déplaise – saisir lui-même en application du statut, mais encore assiste-t-on à une nouvelle tentative d’enfumage avec la diffusion publique de jurisprudence administrative, prenant l’exemple d’une décision qui concerne …. le Conseil Général des Hautes-Alpes (voir article sur son blog) !.
Malheureusement, pour intéressante qu’elle soit, la jurisprudence en question est complètement hors sujet. Elle concerne le régime des conseils généraux en Métropole, alors que chez nous la situation est complètement différente du fait du statut spécifique de l’Archipel et notamment des Décrets-loi Mandel qui permettent explicitement à la Collectivité territoriale de financer l’enseignement privé via la Mission catholique, institution qui existe précisément pour cela et qui n’existe d’ailleurs que grâce aux Décrets-loi Mandel.
On peut comprendre que le Président du Conseil territorial veuille être prudent – en même temps, il aurait pu commencer avant, les finances de la Collectivité ne s’en porteraient que mieux aujourd’hui – mais il y a tout de même quelque chose d’irresponsable et d’indécent dans le fait de retarder sciemment la prise de décision avec des réunions publiques, des avis de juge administratif et des jurisprudences hors sujet alors que, sur le terrain, les écoles sont en attente de confirmation urgente du maintien du financement de la Collectivité, au risque de se retrouver à brève échéance dans l’obligation de fermer leurs portes !
C’est ici toute la population qui souffre de son indécision et de son obstination, puisque les dommages collatéraux de son inconséquence se feront ressentir bien au-delà de l’enseignement privé, y compris dans l’enseignement public.
Pourtant, ses craintes ne sont finalement que le prix de la responsabilité et du pouvoir qu’il a choisi d’exercer – en quelque sorte, le « Leader Price » – et il faudra bien un jour ou l’autre que notre Président arrive à les dépasser et à assumer ses choix.