
La séance officielle du Conseil Territorial du vendredi 6 octobre aura été la dernière sous la présidence de M. Stéphane ARTANO, Sénateur-Président qui quitte l’exécutif du Conseil Territorial vers d’autres fonctions en Métropole, quelques mois à peine après avoir promis à la population qu’il honorerait son mandat de Président jusqu’au bout de son mandat.
Cependant, au-delà de ces tristes considérations purement politicardes, la séance aura été riche en dossiers de fond et d’importance pour l’avenir de l’Archipel.
On peut saluer plusieurs délibérations intéressantes, dont la solidarité avec Saint-Martin et Saint-Barthélemy après le passage de l’ouragan Irma et la réforme des aides agricoles.
De même, on peut se féliciter de la reprise par la majorité au Conseil Territorial de plusieurs propositions de l’opposition Cap Sur l’Avenir, pourtant décrites comme farfelues et excessivement chères au mois de mars dernier, comme la mise en place d’un transport en commun sur tout l’Archipel, désormais intégré dans le projet d’aménagement (PADD) validé par la Collectivité, ou encore l’exonération douanière sur l’importation des vélos électriques, proposée par les conseillers territoriaux de Cap Sur l’Avenir en juin et désormais mise en place.
La preuve qu’un travail transpartisan au service de l’intérêt général demeure possible, et doit toujours être poursuivi.
Sur d’autres dossiers, néanmoins, Cap Sur l’Avenir a dû dénoncer les mauvais choix de gestion et les dérives financières de la majorité actuelle, tout particulièrement s’agissant du choix de brader le navire « Le Cabestan » à la société néerlandaise DAMEN, pour 750 000 euros seulement, en contrepartie, nous dit-on, de prétendues conditions avantageuses dans la construction des ferries.
Pour rappel, selon les données fournies par le Conseil Territorial lui-même, le Cabestan aura coûté à la date d’aujourd’hui – s’agissant exclusivement des investissements matériels – la modique somme de 5 647 273.86 euros décomposés comme suit :
- Achat en 2009 et convoyage : 2 145 000 euros ;
- Travaux de mise en service (2010) : 631 804.59 euros ;
- Travaux de cale sèche (2010 et 2011) : 686 083.63 euros ;
- Nouveaux moteurs (2013) : 1 511 257.90 euros ;
- Travaux de cale sèche (entre 2012 et 2015) : 673 127.74 euros ;
Soit un total d’investissements en matériel de 5 647 273.86 euros, sans même compter tous les coûts annexes, dont notamment les nombreux affrètements de l’ATR d’Air Saint-Pierre pour desservir Miquelon lors des pannes à répétition du navire…
Alors que la Collectivité construit à la dernière minute et à grand frais des quais simplement « provisoires » pour des bateaux censés arriver dans quelques semaines, le refus persistant de la majorité actuelle de communiquer aux conseillers territoriaux d’opposition les vrais chiffres du coût du billet passagers et voitures sur les ferries, le détail des rotations, le temps de la traversée, ainsi que les projections financières ayant servi de base au projet, laisse sérieusement craindre que ce sont les contribuables qui finiront par payer la facture salée de cette improvisation et de cette navigation à vue.
Comme disait Coluche : « ne rigolez-pas, c’est quand même avec votre pognon ! »
Le Président sortant peut donc inventer toutes les « erreurs mathématiques » qu’il veut en plateau télé, les chiffres sont têtus, et la perte financière pour le contribuable local est colossale avec cette braderie du Cabestan pour 750 000 euros seulement dans le cadre de la construction des ferries.
Quant aux « conditions avantageuses » accordées par DAMEN qui justifieraient la braderie du Cabestan, elles ne sont certainement pas financières !
En effet, le Président sortant lui-même reconnaît aujourd’hui, confirme et même revendique le coût de 50 millions d’euros pour le dossier ferries, alors-même qu’on ne parle toujours, pour le moment, que de quais temporaires !
Pourtant, lorsque, invité du JT der SPM 1ère le 11 janvier 2016, le Député Stéphane Claireaux déclarait être effrayé par l’investissement colossal de 50 millions d’euros qu’approcherait le projet ferries, Stéphane Artano l’avait énergiquement démenti, et même moqué les calculs du Député sur sa page Facebook :

Cap Sur l’Avenir a toujours défendu la mise en place d’un service ferry, mais pas dans les conditions financières irresponsables choisies par la majorité actuelle. La Collectivité vit désormais exclusivement grâce à une dette qui explose !
Qu’en sera-t-il dans les années à venir ? On ne pourra pas continuer à emprunter tous les ans.
Pas de réponse de la part du PCT à cette question, pas plus que concernant :
- l’absence de protection du bourg de Miquelon dans le cadre de projet d’aménagement validé par la Collectivité ;
- le stationnement limité (simple zone bleue soumise à amende en cas de dépassement du temps permis, ou parcmètres payants ?) annoncé sur Saint-Pierre, à la Poste, au bateau, et sur toute la Place Général de Gaulle ;
- la prévention des dysfonctionnements et délais dans le cadre du nouveau droit de préemption de la Collectivité lors de toutes les ventes immobilières à l’avenir, dans l’Archipel tout entier.
A défaut de réponses de la majorité actuelle, les conseillers territoriaux de Cap Sur l’Avenir resteront vigilants dans la défense des droits des citoyens de Saint-Pierre comme de Miquelon.
- Interview de Matthew Reardon :